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Photos anciennes

Photos anciennes On a souvent chez soi des vieilles photos de famille ou des cartes postales oubliées longtemps dans un tiroir. Elles sont en général trop peu nombreuses pour construire un panorama du quartier. Mais si on s’y met tous, on doit pouvoir en brosser un portrait assez détaillé. Si c’est une carte postale, c’est bien ! Mais c’est sans doute mieux si c’est une photo plus personnelle !! Alors à vous ! Cherchez bien, vous avez sûrement quelques quelques clichés cachés chez vous ou quelque part chez un proche. Vous pouvez envoyer un mail en indiquant le lieu photographié, l’éditeur si c’est une carte postale, et comment on peut reproduire la photo avant de la publier sur le site. Vous pouvez également voir les archives de l’INA sur « La vie à Toulouse il y a cinquante ans » : https://www.youtube.com/watch?v=w-Ea8cx2nUY archives-canal-1860 Toulouse_minimes_canal_du_midi_postcard tlse-monumentaleetpittoresque1842 Porte_des_Minimes_à_Toulouse_-_Fonds_Ancely_-_B315556101_A_MERCEREAU_4_006 pont-ecluse-minimes-1780 PontDesMinimes-01 Pont des Minimes crédit Archives des Toulousains de Toulouse petit train villemur-16 petit train labastide pescofis peniche-minimes-depuis-ouest passerelle-1915 P1040314-gaudion canal P1000444 négreneys-bateau-12 negreneys-bateau-2 négreneys-bateau minimes-pont-écluses lavoir-P1000462 lavoir-début20ème Charger plus d'images Fin des photos

La grande histoire

L’histoire du quartier chalets-Roquelaine De la petite à la grande histoire Plusieurs habitants ont évoqué le quartier pendant la drôle de guerre, l’occupation et la libération. Voici quelques autres informations provenant non pas d’une mémoire vive mais d’une mémoire de papier constituée par les quotidiens La Dépêche et La Garonne. De petits événements qui ne sont pas sans importance Un cambriolage au 23 rue de la Balance en juin 1941 ; en octobre de la même année, prolongement « jusqu’au droit de la rue de la Balance » de l’égout existant rue des Chalets (toujours rien pour les rues transversales…) ; un incendie dans la boulangerie au 22 de la rue des Roziers en mai 1943. Quelques traces de réjouissances En avril 1943, la salle Concordia (31 rue de la Concorde, à ne pas confondre avec le café qui se trouve au 17) donne une matinée artistique au bénéfice de la Caisse Sportive du Concordia SC : Orchestre de l’Equipage, le comique Roblis, l’illusionniste Alphonso, Josepou et les Campeurs, pièce en un acte de Marcel Delmas. Autres informations plus caractéristiques du temps En septembre 1940, fondation d’un centre de rassemblement de jeunes écrivains à l’adresse de La Garonne. Ce quotidien, qui a remplacé le royaliste Express du Midi, est installé au 25 rue Roquelaine. Tous les organes de la presse toulousaine ont d’ailleurs leur siège dans les quartiers du siècle dernier compris entre boulevards et canal, et proches de la gare d’où l’on expédie les journaux. En novembre 40, un foyer pour étudiants orphelins ou victimes de guerre est fondé au 31 rue des Chalets, à l’emplacement de l’actuelle Casa de España. Les étudiants sont remplacés vers octobre 43 par 32 étudiantes de l’Institut Social. Etudiants puis étudiantes bénéficient de conférences symptomatiques de l’esprit du temps, dispensées par des penseurs traditionalistes (Armand Praviel, Palaminy), ou collaborateurs: l’abbé Sorel, à partir d’une conférence sur Goethe, fait une intervention pro-allemande en avril 43, quelques mois avant d’être assassiné par la Résistance (en décembre). La Gestapo s’est installée dans 6 immeubles toulousains réquisitionnés en divers points du centre ville et notamment rue des Chalets, à un numéro que l’on taira pour ne pas risquer de troubler ses actuels occupants. Les activités de cette antenne de la Gestapo ne sont pas rapportées. C.P. La barricade place Roquelaine Voici quelques autres informations provenant non pas d’une mémoire- vive mais d’une mémoire de papier constituée par les souvenirs de Jean Cassou, un des coordonnateurs de la Résistance du sud, Commissaire de la république, futur Conservateur du musée d’Art moderne : Une vie pour la liberté, Robert Laffont, Paris 19X1 ; et le livre de Jean Lvstèbe, Toulouse 1940-44, Perrin. Diverses plaques apposées dans le quartier rappellent des événements dramatiques : Les résistants fréquentaient le café Le Crystal au coin de la place Jeanne d’Arc (un des grands cafés des boulevards disparus aujourd’hui), tenu par Madame Shouver, belle-mère de Pierre Dac, l’humoriste qui fut speaker de la France libre. Il y séjourna avec Fernand Lefèbvre, commandant le groupe Lorraine. Une plaque indique que le n°25 de la rue du Printemps accueillit les FFI le 15 août 44 pour décider de « l’insurrection libératrice de la région« . Une troisième plaque signale que la rue d’Orléans a abrité le 19 août la réunion du Comité départemental de libération à laquelle assistait Jean Cassou. On lit dans ses mémoires : « A la fin de la journée une suprême réunion nous rassembla, un certain nombre de responsables et moi, dans les bureaux d’un établissement industriel, non loin de la gare. On entendait des coups de feu échangés dans la gare avec de derniers soldats allemands. J’ai rédigé en hâte et signé […] la proclamation que les Toulousains liraient demain sur les murs […]. J’avais levé la séance. […] L’auto de Courtinade m’emmena en compagnie de Cassagne et du fidèle Segaud […] nous allions traverser le boulevard de Strasbourg, un convoi allemand qui fuyait la ville, le dernier sans doute, nous arrêta net. […] C’étaient des Vlassof égarés (soviétiques anti-communistes incorporés dans l’armée allemande) qui s’efforçaient de rattraper le gros des forces allemandes en retraite. Pour nous, dans la nuit, c’étaient des Fritz comme les autres. Un groupe d’entre eux est descendu de son camion, nous a fait sortir de notre voiture et, selon un vieil automatisme nous a demandé: « Papiere, papiere« . Ils nous encerclaient, mousqueton en main. Je murmurai à Segaud : « Mais c’est à nous maintenant de leur demander leurs papiers ! » Il eut un petit geste de la main qui signifiait que ce n’était pas le moment de faire de l’esprit. Moi, je tournais le dos aux soldats qui nous encerclaient, lui il les voyait, et particulièrement celui qui, fouillant l’auto, en sortait avec un revolver qu’il avait trouvé sous les coussins. Les mousquetons s’abattirent sur nous, peut-être même y eut-il un ou deux coups de feu. Je tombai comme Chariot quand la matraque de quelque énorme policeman lui tape sur le crâne. Segaud, immédiatement, avait esquivé les coups de crosse, saisi un des mousquetons, rompu le cercle et avait filé par la première rue venue, avec un bras fracturé et une balle dans la cuisse. Les assaillants étaient repartis dans leur camion laissant là sur le pavé Courtinade et Cassagne tous deux morts et moi ne valant guère mieux. » Une plaque à l’angle du CRDP rend hommage aux deux morts. Toulouse était libérée le lendemain, mais des combats continuèrent. Les journaux signalent encore fin août que des miliciens, depuis les greniers des quartiers Arnaud Bernard, Concorde, Matabiau, Jaurès, tuent ou blessent plusieurs personnes (le lecteur se reportera au n°6 de la Gazette où Madame Bélile raconte comment son père lui a fait esquiver une balle qui aurait dû être fatale.). La police et les FFI doivent perquisitionner en septembre pour que les troubles cessent. Il faut imaginer un quartier sans lumière car l’éclairage public avait souffert des bombes et combats de rue. Plus que jamais sont utiles les façades cérusées qui réfléchissent la lumière de I’été finissant. Participant à la même

Naissance de la Résistance à Toulouse

L’histoire du quartier chalets-Roquelaine Naissance de la Résistance à Toulouse De 1996 à 98, La Gazette a publié un certain nombre d’articles racontant la Résistance, en faisant appel aux souvenirs des habitants du quartier (numéros 6, 11, 12 et 13). Habitant rue Roquelaine, monsieur Louis Vaquer, 93 ans, complète ici de ses intéressants souvenirs la grande histoire de cette période. Nous l’en remercions vivement. Silvio Trentin Editeur des livres de Magali*, au 7 rue Pharaon, Louis Vaquer fit partie des Forces Françaises libres dès la fin de 1940. Ce n’était alors que quelques efforts d’organisation à la base desquels se trouvait Silvio Trentin. Celui-ci avait été professeur de droit à l’université de Padoue, député socialiste au parlement italien, réfugié en France en 1926 pour fuir le fascisme. Il avait vécu péniblement avec sa famille dans le Gers et en 1934, il avait pu ouvrir une librairie rue du Languedoc. Pendant la guerre d’Espagne, cette librairie a été le rendez-vous de nombreux antifascistes, en particulier ceux des milieux universitaires. En 1940, c’est encore là que continuent à se rencontrer ces mêmes contestataires. * Magali : Jeanne Philibert (1898-1986), journaliste et romancière, était passionnée d’aéronautique et amie de Maryse Bastié. Elle a aidé des pilotes alliés à passer en Espagne. Maryse Bastié (1898-1952) célèbre aviatrice détentrice de records multiples. Commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire. Un premier groupe de résistants Fin 1940, Fernand Lefèbvre, pilote d’essai, arrive à Toulouse et prend contact avec Trentin et Louis Vaquer. Il participe avec Lendroit, mécanicien de Maryse Bastié (voir photo) devenu restaurateur rue Lafon, à l’organisation du passage en Espagne de personnes pourchassées et de volontaires qui cherchent à gagner l’Angleterre. Des aviateurs français et polonais ont déjà utilisé cette filière. De son côté, Boris Vildé* du groupe du Musée de l’homme vient à Toulouse en janvier 41. Il rencontre, chez Trentin, F. Lefèbvre et ainsi que le professeur Soula. Avec Trentin, Vaquer, Lefèbvre, Auban et quelques autres, il essaie de construire un premier groupe toulousain, lié à celui du Musée de l’Homme. Ils réussissent à imprimer et diffuser quelques tracts. Vildé repart à Paris avec Madame Lefèbvre. Ils arrivent à franchir la ligne de démarcation car Mme Lefèbvre se met à embrasser Vildé avec fougue ; le soldat allemand sourit et laisse passer. * Boris Vildé : 1908-1942 Né à Saint-Pétersbourg, il s’établit à Paris en 1932. Naturalisé français en 36, mobilisé au moment de la guerre, fait prisonnier en juin 1940, il s’évade. Il organise, avec ses collègues du musée de l’Homme, un programme d’action antinazie. Au début de l’hiver 1940, Boris Vildé part pour la zone Sud chargé de contacter des personnalités ayant passé la ligne de démarcation (Malraux est l’une d’elles). Une semaine après son retour à Paris en mars 41, les responsables du réseau sont arrêtés. Le 23 février 1942, Boris Vildé et six de ses compagnons sont exécutés par les Allemands au Mont Valérien. Pour en savoir plus : Journal et Lettres de prison, Paris, Allia 2001.  Naissance du réseau Bertaux Vers mars ou avril 41 naît et s’organise un groupe réduit à une quinzaine de personnes dont les ambitions sont plus précises que celles des précédents. Ce groupe sera homologué en 45 sous l’appellation  » Réseau Bertaux « . Ses buts : trouver un contact avec Londres, transmettre tous les renseignements possibles (psychologiques, économiques, militaires), aider aux passages vers l’Espagne, réceptionner des armes et des explosifs pour les sabotages, mais aussi des aides financières. Le groupe s’est organisé, répartissant tâches et responsabilités. La coordination et les relations ont été confiées à Bertaux, qui remplacera Cassou, blessé à la Libération, comme Commissaire de la République. La propagande relevait de Cassou et Hermann, les sabotages éventuels de Fausto Nitti, autre réfugié italien qui avait fait la guerre d’Espagne après s’être enfui des camps des îles Lipari, les renseignements et les fournitures étaient attribuées au syndicaliste chrétien Van Hove, l’organisation militaire à Bernard et Vaquer.  Proche de ce groupe, Louis-Marie Raymondis habitait rue Saint-Orens, il devint responsable départemental de Franc-Tireur, l’un des grands mouvement de résistance de la zone sud (fondé par J.P. Lévy). Jean Cassou, (1897-1986), ancien conservateur du musée d’Art Moderne de Paris, était venu à Toulouse au printemps 1941 après le démantèlement du réseau du Musée de L’Homme à Paris. Relire La Gazette n° 12 (hiver 97) et les mémoires de Jean Cassou Une vie pour la liberté, Robert Laffont, 1981. Pierre Bertaux, professeur de littérature allemande à la faculté des Lettres de Toulouse. Bertaux et Cassou, condamnés en 41, sortent de prison en 1943. Cassou reprend immédiatement ses activités clandestines, alors que Bertaux se met en retrait à la campagne. Succédant à Cassou grièvement blessé rue Roquelaine le 19 août, il devient commissaire régional de la République dans la nuit du 19 août 1944. Le dimanche 20 août, Toulouse se libère. La prison Le 11 septembre 1941 le premier parachutage eut lieu à côté de Fonsorbes. Avec un conteneur renfermant armes, cigarettes, argent, atterrit Mercier (Furet) , opérateur radio envoyé par Londres. Il put joindre Trentin, le seul nom qu’il connaissait. Celui-ci l’envoya chez L. Vaquer qui l’hébergea une huitaine de jours chez lui rue Mondran. Ensuite Mercier logea au Père Léon, place Esquirol. C’est au retour d’une convocation chez Bertaux qu’il fut arrêté ; il était surveillé depuis le parachutage. Très jeune, inexpérimenté, il donna des noms dont celui de Vaquer et de Daubèze*, vétérinaire à Auch. La police française arriva donc à 5 h du matin chez Vaquer et l’emmena dans une cellule d’isolement de la prison militaire rue Furgole. Dans la cellule voisine furent enfermé Cassou et Bernard. L’instruction dura de décembre 41 à juillet 42. L. Vaquer fut ensuite envoyé à la prison de Lodève où il devint infirmier grâce à l’appui d’un vétérinaire qui allait être libéré. Puis, lorsque les Allemands envahirent la zone libre, il fut transféré à Mauzac en Dordogne. Il fut libéré en 43 grâce à l’aumônier du… maréchal Pétain. En prison il avait rencontré Fausto Nitti qui connut

Jean phillipe commissaire

L’histoire du quartier chalets-Roquelaine Jean-Phillipe, Commissaire Nous avons vécu de façon un peu estompée le procès Papon (1998) : Bordeaux n’est pas si loin mais le temps a passé ; et puis on y a dit qu’il n’était probablement pas simple pour un fonctionnaire de prendre clairement position. Raison de plus pour saluer le courage et la détermination exemplaires dont fit preuve le commissaire Jean Phillipe au mois de janvier 1943. Il était plus spécialement chargé du 7ème arrondissement de police de Toulouse (Saint-Cyprien). Les Archives Départementales de la Haute-Garonne ont publié un fascicule dont sont extraits lettre et rapport ci-dessous : Le compte rendu de l’affaire, adressé à Vichy, signé du préfet régional de Toulouse Cheneaux de Leyritz, indique : «…L’Intendant régional de police [Danglade] prévenait aussitôt, par téléphone, M. le Directeur Général adjoint qui lui notifiait révocation de Philippe avec recherches immédiates et internement de l’intéressé ». Philippe a d’abord été recherché à Lourdes où il était allé le 13 janvier pour voir sa femme et sa fille adoptive qui s’y trouvaient. « Madame Philippe, interrogée, déclara ignorer totalement où était son mari et quelles étaient ses intentions. Le 16 janvier, le commissaire Dedieu effectuait au domicile de Philippe, 22 rue Leyde à Toulouse [maintenant rue du Commissaire Philippe], une perquisition qui demeurait sans résultat… Le dimanche 31 janvier, à 8 h 30 du matin, le chef de la sûreté allemande, le capitaine Retzek, téléphonait à l’intendant de police qu’il avait fait procéder dans la nuit, à Beaumont de Lomagne (Tarn et Garonne) à l’arrestation de Philippe, et que ce dernier, transféré à Toulouse, arriverait à ses bureaux dans la matinée vers 11 heures… [Philippe était] accusé d’espionnage contre l’armée allemande… 48 heures auparavant, la sûreté allemande avait pu, à Toulouse, sur instruction de ses services de Paris, arrêter un israélite strasbourgeois, ingénieur, répondant au nom de Damm, et trouvait à son domicile un courrier très important de renseignements divers, renseignements militaires, renseignements sur le stationnement des troupes, renseignements sur les réserves d’essence, prouvant très nettement les occupations auxquelles se livraient ce Damm, inconnu de notre police. Dans ce dossier était une fiche en carton, petit format, donnant l’adresse de Philippe à Beaumont de Lomagne, avec le mot de passe permettant de le toucher, alors que déjà la radio de Londres avait diffusé, pour brouiller les pistes, la bonne arrivée de Philippe à Londres, et en avait rendu compte. La Collusion entre Philippe et Damm est très nette, les renseignements recueillis … étant à peu près tous de décembre 42 et janvier 1943…» Jean Philippe (« Basset ») – Musée de la Résistance Philippe reste entre les mains des Allemands qui l’envoient à Paris, puis à Fribourg où il est condamné à mort par un tribunal militaire en mars 1944, et exécuté à Karlsruhe le 1er avril 44. Dans son livre Toulouse 1940-1944 (Perrin), Jean Estèbe étudie les réseaux de résistants. II indique notamment que le grand réseau Alliance était proche des services britanniques. « Spécialisé dans le renseignement militaire, le réseau s’implanta fortement à Toulouse. Son responsable local fut un temps le commissaire Philippe, radical et franc-maçon…» Jean Estèbe signale plus loin dans un chapitre consacré à l’après Libération, que « certains responsables majeurs de l’administration n’ont subi aucune peine judiciaire… Ainsi, les deux préfets régionaux successifs, Cheneaux de Leyritz et Sadon, ne passèrent pas en jugement. Certes, ils furent révoqués. Cheneaux s’enfuit d’abord en Espagne puis fit une seconde carrière dans les affaires… Les deux hommes…restèrent en liberté. » Sans commentaire. Les collègues de Jean Philippe, qui lui trouvaient souvent un air rêveur, l’appelaient parfois Jean de la Lune, Chapeau, Jean de la Lune! A. Roy Extrait de la Gazette N°13 – Printemps 1998 Pour en savoir plus : La maison, autrefois habitée par le Commissaire et sa femme, a brulé en partie le 22 janvier vers 9h30. Voici notre point de vue sur la situation. Voir les fiches sur Wikipedia de:Jean PhilippeJulie Jeanne Bouillane ©Atelier-Sham-Too

les job et les Pauilhac

L’histoire du quartier chalets-Roquelaine Les job et les Pauilhac Jean Bardou Jean Zacharie Pauilhac Une des nombreuses publicités art nouveau, signées Mucha Les job Le gymnase et la maison Léotard sont vendus aux Pauilhac en 1888. On trouve la famille Pauilhac dès 1866, dans les matrices cadastrales, pour la construction d’une maison probablement située à l’emplacement de l’hôtel Calvet (au 76 du boulevard de Strasbourg). Lors de la construction de l’hôtel actuel, des éléments de la maison initiale sont réutilisés au château de Cabirol à Colomiers qui appartient alors à la famille Pauilhac. En 1830, Jean Bardou, boulanger à Perpignan, à l’idée de confectionner des petits livrets contenant des feuilles prédécoupées qui permettent de rouler les cigarettes. C’est une invention assez importante car, jusqu’alors, les fumeurs étaient obligés de découper ces petits papiers carrés dans de grandes feuilles que l’on importait d’Espagne. Ce papier était d’ailleurs épais et rugueux, ce qui n’était pas très commode. Le succès de cette invention est très rapide, si bien que Bardou met son nom sur ces petits livrets pour éviter les imitations. On trouve d’abord ses initiales, séparées par une étoile, qui est ensuite remplacée par un blason. Le losange de J♦B est adopté un peu plus tard. Il est pris pour un O, si bien que les clients prennent l’habitude de dire JOB. Bardou s’associe à Zacharie Pauilhac en 1838 pour financer et approvisionner son entreprise en papier. Son invention faisant l’objet de contrefaçons à cause de son succès, il dépose en 1842 une marque sous le nom de JOB. Jean Bardou meurt en 1852, c’est son fils Pierre qui lui succède. Les usines se développant à Perpignan, Pierre y fait construire un magnifique hôtel, dont tout le décor intérieur et le mobilier ont été conservés de manière exceptionnelle. Côté Pauilhac, Jean-Zacharie décède en 1866, son frère Léon lui succède. Une nouvelle société naît en 1872 : Bardou, JOB et Pauilhac. La nécessité de s’approvisionner de manière régulière en papier conduit en 1872 cette société à souhaiter fabriquer du papier à cigarettes pour garnir les petits livrets. Une usine est construite entre 1872 et 1873 en Ariège, à La Moulasse, près de Saint Girons. Cette usine connaît un grand succès. Elle est actionnée par des turbines, mues par l’eau du Salat. Dès 1893, une usine hydroélectrique est construite à 2 km. C’est une grande nouveauté pour la région, puisque c’est la première fois que l’on aurait transporté de l’énergie électrique pour alimenter une usine dans les Pyrénées. (C’est là qu’Aristide Bergès a inventé la houille blanche pour les besoins de la papeterie familiale). En 1913, les maisons Bardou-Job et Pauilhac sont fondues en une seule société anonyme qui prend le nom de Société JOB, telle qu’on la connaît jusqu’à nos jours. Celle-ci s’intéresse aussi au tabac et aux cigarettes. Pour échapper au Monopole des Tabacs, des usines sont créées à l’étranger, Strasbourg, Zurich (1913), Alger (1913), Bastia (1924), Brazzaville (1948). En 1920, à Toulouse, des ateliers et des équipements sont créés dans le quartier pour confectionner les petits cahiers à partir du papier fabriqué à La Moulasse. Mais on achète encore le carton pour façonner les livrets. Ce n’est qu’en 1931 que l’on décide de fabriquer le papier fort destiné à leur confection. Pour cela, on construit l’usine des Sept Deniers, exemplaire par son architecture. C’est à la même époque que l’on reconstruit les ateliers du 4, rue de la Concorde et, à l’arrière, les bureaux du 17 bis, rue Claire Pauilhac. En 1960 démarre aux Sept Deniers la fabrication du papier couché haut de gamme, destiné aux impressions de luxe ; ce papier, qui démontre un savoir-faire assez exceptionnel, est maintenant l’objet de la fierté des employés, car la plupart des belles impressions ont été, depuis, réalisées en France sur ce papier. Dès que l’on voulait faire un beau livre, on faisait appel à JOB. Annie Noe-Dufour Article réalisé à partir de l’enregistrement sonore décrivant les personnages évoqués par Mme Noe-Dufour lors de la visite des hôtels particuliers du 72 et 74 boulevard de Strasbourg. Extrait de la Gazette N°26 – Eté 2001 Nous vous rappelons -après les nombreux articles parus dans la presse locale- que JOB a fermé définitivement ses portes le 14 avril 2001. Les salariés ont, heureusement, bénéficié d’un plan social “exceptionnel”. Près de la moitié des 163 salariés sont casés (57 « pré-retraites », 34 embauches à la Mairie ou au Conseil Général), les autres sont pris en charge par l’association Après-Job pour faire un bilan de compétence et trouver un stage de reconversion. Nous leur souhaitons de trouver rapidement un nouveau travail, et que celui-ci leur convienne. A.RoyEté 2001 Les Pauilhac En réalité, Les Bardou n’ont jamais été à Toulouse. Il y a tout de même des Bardou dans de belles maisons au Busca mais je ne sais pas s’ils font partie de la même famille, qu’on ne trouve plus dans le quartier des Chalets. Donc, Zacharie Pauilhac s’était associé à Jean Bardou pour fonder, en 1830, l’entreprise qui donnera naissance à la Société JOB (disparue en ce début d’année). On pense que les Pauilhac étaient originaires de Montauban. Zacharie va disparaître assez rapidement, et c’est son frère cadet qui lui succède à la tête de l’entreprise, jusqu’en 1890 où il meurt au château de Cabirol. C’est lui, Pierre (Léon, Jules) Pauilhac qui se marie avec Claire Pauilhac, que l’on connaît beaucoup mieux. Elle a laissé son nom à la rue dont la plaque la qualifie de bienfaitrice pour son comportement remarquable en faveur des pauvres. Un œuvre charitable importante donc, mais il semble aussi qu’elle tienne les rênes de l’entreprise jusqu’à sa mort en 1905. C’est à cette époque que vont se construire des éléments essentiels, notamment l’agrandissement de la maison Léotard, et toute la partie située à l’est (jusqu’à la rue Roquelaine). Claire Pauilhac a eu trois enfants, que l’on va retrouver sur les trois parcelles : Georges Pauilhac va construire l’hôtel Pauilhac (qui deviendra le CRDP dont la façade moderne masque l’hôtel ancien), la partie

leotard

L’histoire du quartier chalets-Roquelaine Jean et Jules Léotard Tout commence, non pas avec la société JOB, mais avec la famille Léotard. Jean Léotard est un gymnaste qui s’est formé à Paris aux côtés du célèbre gymnaste Amoros. Lorsqu’il revient à Toulouse en 1836, il est engagé comme professeur à l’Ecole Royale d’équitation, qui se situe au Jardin des Plantes près de l’enceinte de la ville. Il y devient le directeur du gymnase nouvellement créé. En 1856, il s’installe à son compte, et crée un gymnase au 14 de la rue du Rempart Saint-Étienne. Ce beau bâtiment, encore visible de nos jours, a été par la suite utilisé comme synagogue. Son établissement ne connaît pas un succès commercial immédiat, si bien que, dès 1859, Jean Léotard décide de s’installer au 4 rue de la Concorde. Dans ce nouvel établissement, on pratique des sports assez variés : l’escrime, le jeu de paume, la boxe, la danse… Sur la façade de cet immeuble, qui existe encore, on distingue, grâce au changement de couleur des briques, les modifications des ouvertures, qui sont intervenues au moment de la transformation du gymnase en dépendance de la fabrique JOB, puis en immeuble d’habitation. Léotard construit vraisemblablement à la même époque sa demeure, boulevard de Strasbourg, actuel n°72. Elle sera remaniée et agrandie par la suite par la famille Pauilhac ; le porche qui permet actuellement d’y entrer fait partie de cette extension. Léotard a un fils en 1838, Jules, qui deviendra un personnage étonnant. Il fait des études très correctes car il obtient son baccalauréat et envisage même des études de droit, mais, ayant toujours vécu dans un milieu de gymnastes, il se prend de passion pour le trapèze. C’est lui qui met au point la technique du trapèze volant. Il travaille sans filet avec trois trapèzes, lâchant l’un pour attraper l’autre. Grâce à son numéro, en 1859, il se fait engager par le directeur du cirque Napoléon, le futur Cirque d’Hiver. Ce jeune Léotard connaît rapidement une renommée internationale. On le voit à Berlin, au Cristal-Palace de Londres ou en Espagne… Son père le suit dans ses tournées car il participe à son numéro en lui lançant le deuxième puis le troisième trapèze. Pendant ce temps, Jean Léotard confie son gymnase à l’un de ses professeurs, Dardie puis J. Marty. Jules Léotard continue sa carrière internationale, et devient un personnage très important. Il va faire l’objet, de façon comique ou même caricaturale, de pièces de théâtre, le rôle principal lui étant consacré dans L’Amour au trapèze, et dans Les Amoureuses de Léotard. Plusieurs compositeurs écrivent des polkas ou des valses. Mais plus encore, il connaît la notoriété à travers la mode vestimentaire : on va parler de cravates, de cannes, de broches, de chapeaux dits à la Léotard. Ce personnage s’intéresse toujours au sport. A la fin du Second Empire (1868), on organise les premières courses de vélos dans la région parisienne ; dès 1869, à Toulouse, on donne des cours de vélo, au Véloce-Club Toulousain, qui a son siège rue de la Concorde. Les premières courses ont lieu à Toulouse la même année. Malheureusement, Jules Léotard connaît une fin tragique : à 32 ans, il meurt de la variole à Toulouse; on est en 1870. Jules Léotard est enterré au cimetière de Terre-Cabade. Sans héritier pour renouveler la concession, sa tombe est en cours d’expropriation. Le gymnase ferme ses portes, puisque c’est la guerre. Il rouvrira plus tard, toujours sous la direction de J. Marty. Le père, Jean, en est toujours propriétaire. Le Gymnase et la maison sont vendus en 1888, à la famille Pauilhac. Annie Noe-Dufour Article réalisé à partir de l’enregistrement sonore décrivant les personnages évoqués par Mme Noe-Dufour lors de la visite des hôtels particuliers du 72 et 74 boulevard de Strasbourg.     Références GARRIGUES Damien. Les deux Léotard, père et fils. Leur gymnase à Toulouse. Bulletin municipal, février 1936, n°2, p.109-125. LARTIGUE Pierre. La course aux trapèzes, Toulouse, Pierre Lartigue, 1980, p.129

19e siecle

L’histoire du quartier chalets-Roquelaine au 19ème siècle Projet de 1844 (Bonnal) – Les remparts ont été détruits entre 1828 et 1830 Plan de 1847 (Bellot) Une occasion manquée Comme d’autres grandes villes françaises, Toulouse est entrée au XIXème siècle dans l’ère de l’urbanisme, mais ce fut à sa manière faite de prudentes audaces et de demi-mesures, à l’image d’une bourgeoisie plus rentière qu’industrieuse. Le processus de construction du quartier Chalets-Roquelaine est assez révélateur de cet état d’esprit qui a longtemps marqué la «ville rose» avant que la modernité ne la projette tardivement mais sûrement dans le troisième millénaire. Tel que nous le connaissons aujourd’hui, notre quartier a été urbanisé entre 1860 et 1900 et fut le produit d’une occasion manquée, rattrapée par l’initiative privée. L’urbanisme toulousain avait démarré lentement au XIXème siècle, par l’achèvement des projets d’«embellissement» lancés au siècle précédent par Mondran et Saget. Ce n’est que sous la Restauration et au début de la Monarchie de Juillet, que furent achevés, sous la conduite des architectes Virebent et Urbain Vitry la place du Capitole, la place Lafayette (Wilson) prolongée par les allées du même nom et l’aménagement du jardin des Plantes. Mais vers 1830, Toulouse gardait encore l’aspect d’une ville ancienne, corsetée dans ses murailles, au milieu d’un espace essentiellement rural. Si on se reporte au cadastre de 1829, on constate que l’espace situé au nord, entre les remparts et le canal, et désigné sous le nom de faubourg Arnaud-Bernard, est encore occupé par des terrains maraîchers, traversés par des chemins vicinaux. Seule la route de Paris est bordée de maisons basses, selon une ligne à peu près continue. Dans les années 1840, trois événements importants conduisent les municipalités de l’époque à s’intéresser à cet espace. La démolition des murailles et le tracé d’une suite de boulevards circulaires, terminés en 1846, qui permettent à la ville de mieux respirer, puis l’installation, en face de l’Arsenal, d’un quartier d’artillerie (caserne Compans) en 1842, et l’annonce de l’arrivée du chemin de fer au faubourg Matabiau laissant présager des activités nouvelles. L’architecte de la ville, Bonnal, dresse alors un plan général d’extension qui concerne toute la zone située entre les allées Lafayette et les casernes. Au centre du dispositif, notre futur quartier est doté de plusieurs voies en quadrilatère, ordonnées autour de deux places d’assez bonnes proportions. Malheureusement cet intéressant projet ne verra pas le jour. La crise financière de 1846-1847 , des dissensions municipales et les incertitudes politiques empêcheront sa réalisation. Seul le quartier Bayard sera partiellement réalisé, selon ce plan, autour de l’actuelle place Belfort. Pour l’ancien faubourg Arnaud-Bernard, la nature ayant horreur du vide, c’est l’initiative privée qui prendra le relais, mais en sacrifiant l’espace public. Tout de même : une jolie place, quelques vieux platanes et un bac à sable pour les enfants… Comme dirait le Toulousain Sylvain Augier : «Faut pas rêver»! Extrait de la Gazette N°16 – Hiver1998 Le charme discret de la petite bourgeoisie. Après l’échec du projet Bonnal, il fallut attendre l’époque du Second Empire pour assister à un démarrage de l’urbanisation de l’ancien faubourg Arnaud-Bernard, sous l’effet de deux facteurs importants . L’arrivée du chemin de fer, effective en 1856, tout d’abord : Toulouse, sur la ligne Bordeaux-Sète, était désormais raccordée au réseau national et la construction de la gare Matabiau par la Compagnie du Midi laissait augurer d’importantes mutations dans les faubourgs environnants. Ensuite, une progression démographique sans précédent ; en quelques décennies, de 1860 à la fin du siècle, la population toulousaine devait tripler, passant de 60 000 à 150 000 habitants. L’essentiel de cet accroissement spectaculaire fut absorbé par la première ceinture de faubourgs, entre boulevards et canal. Cependant, les municipalités conservatrices de l’époque vont se désintéresser de ces secteurs pour reporter leurs efforts sur la modernisation des quartiers bourgeois du cœur de la vieille ville. La politique urbaine s’est alors concentrée sur la réalisation de projets haussmanniens qui aboutiront au percement des rues d’Alsace-Lorraine et de Metz, au prix de nombreuses destructions et de quelques fructueuses opérations soutenues par des banquiers belges. L’urbanisation périphérique, destinée à accueillir l’habitat de la petite bourgeoisie et des populations ouvrières a été abandonnée aux mains de la spéculation privée. Dans le faubourg Arnaud-Bernard, le futur quartier Chalets-Roquelaine va donc se construire sous la forme de lotissements spontanés qui se sont insérés directement dans la trame des chemins ruraux préexistants. Les propriétaires divisaient eux-mêmes les terrains leur appartenant, après les avoir éventuellement rachetés à d’autres particuliers. Ils se chargeaient, à leurs frais, des travaux d’aménagement (tracé des voies, pavage, adduction d’eau et de gaz) et revendaient les lots à bâtir à une clientèle composée en majorité de petits bourgeois et d’employés. Il était nécessaire d’obtenir au préalable une autorisation municipale et de respecter une réglementation élémentaire fixant l’alignement et la largeur des rues (6m jusqu’en 1888, 10m ensuite). Mais cette réglementation a été plus ou moins bien observée dans certains lotissements dont les voies resteront privées, jusqu’à ce que la municipalité accepte de les inclure dans le domaine public; ces circonstances expliquent aussi la présence de quelques impasses. Entre le chemin de Pouzonville (l’actuelle rue des Chalets) et le chemin de la Poudrière (rue de la Concorde), on dénombre ainsi pas moins de six opérations d’envergure, dont la plus importante à l’angle des boulevards a comporté l’ouverture de cinq rues. Elle est due à l’initiative d’un gros propriétaire foncier, Béteille, qui fut aussi à l’origine de plusieurs autres opérations dans le secteur de la rue Raymond IV. Une seule opération a donné lieu à une véritable concertation entre la mairie et le propriétaire lotisseur, un certain Roquelaine. La rue privée qui porte son nom fut  « rectifiée » et raccordée aux frais de la municipalité aux voies publiques existantes. Deux types d’habitat vont dominer. Le long des artères principales seront édifiés des immeubles de rapport sur deux ou trois étages, avec, parfois, en fond de parcelle une « chartreuse » en rez-de-chaussée; à l’intérieur des îlots, on trouve plutôt des maisons unifamiliales à un étage à

18e siècle

L’histoire du quartier chalets-Roquelaine au 18ème siècle Plan du canal royal de Toulouse à Renneville – 1774 Plan du canal royal de Toulouse à Renneville – 1774 Reprenant à son compte la vieille idée de réunir Atlantique et Méditerranée, Riquet démontre que les eaux disponibles dans la Montagne Noire sont suffisantes pour alimenter un canal entre Toulouse et Agde. Persuadant Colbert de sa capacité à mener à bien une telle entreprise, il obtiendra l’adjudication des différents lots composant le canal et des ouvrages qui en permettront l’accès. Il deviendra, d’ailleurs, propriétaire du fief créé à l’occasion qui inclura toutes les installations concernant le canal, et donc le territoire où le canal est creusé ainsi que les francs-bords, soit une largeur courante d’une soixantaine de mètres. Cette parcelle définit la dernière frontière du quartier, fermant ainsi le quadrilatère ébauché par les remparts et les « faubourgs » Arnaud Bernard et Matabiau (voir la Gazette n°14). Il s’en est d’ailleurs fallu de peu que le tracé passe plus près de la ville, voire sous le rempart. Mais les Toulousains, un peu méfiants vis-à-vis d’un projet aussi novateur, ont préféré l’éloigner un peu. Les travaux commencent à Toulouse le 1er janvier 1667, et sont menés tambour battant : 7200 travailleurs (dont 600 femmes) creusent, déblaient, transportent la montagne de terre pour ouvrir la première tranche. En mai 1668 le canal rejoint la rigole qui amène les eaux de la Montagne Noire, la mise en eau a lieu en janvier 1670. Les ouvrages d’art dans le quartier sont peu nombreux : une écluse au niveau des faubourgs, qui vont du rempart au-delà du canal grâce à un pont. Chacune de ces écluses sera dotée, dans le courant du 18ème siècle, d’un moulin situé sur une dérivation à gauche en descendant vers la Garonne. Riquet meurt en 1680 avant l’achèvement de la deuxième partie et son fils lui succède. A partir de 1681 le trafic s’organise rapidement, à l’aide des « barques » appartenant, au début, exclusivement au canal. Le vin et les alcools constituent l’essentiel du trafic « montant» vers Toulouse, une grosse part continuant jusqu’à Bordeaux par le fleuve. Dans l’autre sens on trouve surtout des céréales qui vont vers les ports méditerranéens. Mais il existe aussi un trafic plus local, constitué d’huile, de savon, de poisson séché, de vêtements, et de produits de consommation diverse. Il y a également pour les voyageurs une barque de poste qui fait des aller-retours entre Toulouse et Castelnaudary. On embarque au port Saint Étienne, qui, trop petit pour le trafic, sera doublé par le port Saint Sauveur. Au-delà, on doit changer de bateau, plusieurs fois si on veut poursuivre son voyage jusqu’à la mer.   Carte du canal royal de la province de Languedoc/Garipuy Dans l’autre sens, pour aller vers Bordeaux, il faudra attendre 1852 pour que le canal latéral permette des trajets moins aléatoires que la Garonne, au cours irrégulier. Le trafic global du canal du Midi a d’ailleurs souffert de l’absence de continuité entre Bordeaux et Sète, empêchant le développement des échanges internationaux espérés initialement.Pourtant la région en général a connu au 18ème siècle un développement important de sa prospérité, dont une partie relève probablement des facilités offertes par le canal, continuellement bénéficiaire. Toulouse s’est, pour sa part, étendu du côté de Saint Etienne, en construisant entre la ville d’alors et le port des entrepôts s’étendant de l’emplacement actuel de la rue Caraman jusqu’au pont de Saint Sauveur. Mais quels bénéfices notre quartier a-t-il pu en retirer ? A priori peu de choses: au vu des plans, il semble que l’urbanisation se renforce le long des chemins menant à Montauban et Albi. En revanche on distingue peu de nouveaux bâtiments à l’intérieur; le magasin à poudre de la rue de la Concorde (emplacement actuel des n°71-73) fait pendant au magasin à tabac situé près de l’écluse Bayard. Sur le plan de ville ci-dessus (1774) on distingue des arbres plantés le long du canal.  Le quartier semble s’être endormi à l’abri de sa nouvelle frontière : les chemins vers Launaguet (rues actuelles de la Balance, des Chalets et même du Printemps), ceux vers Aucamville (rue de la Concorde principalement) ont été coupés par la voie d’eau, et ne joueront plus de rôle moteur pour le développement urbain. Les passerelles pallieront beaucoup plus tardivement (20ème siècle) cette interruption, visant plus à relier l’urbanisation naissante au-delà du canal à la ville que l’inverse. Le quartier restera avant tout un secteur de jardins, comme au siècle précédent, et deviendra ainsi une sorte de réserve foncière pour le siècle suivant. A. Roy Extrait de la Gazette N°15 – Automne 1998

17e siecle

L’histoire du quartier chalets-Roquelaine au 17ème siècle Zoom sur le quartier Chalets-Roquelaine Plan de Toulouse par Melchior Tavernier ( cliquez pour agrandir) Voici, concernant notre quartier, la partie du plan que Melchior Tavernier établit en 1634. La ville, dessinée en perspective, semble relativement précise à l’intérieur du rempart. Saint-Sernin porte fièrement son clocher qui nous servira de repère à travers les trois siècles pendant lesquels le quartier, délimité par les boulevards, l’avenue Honore Serres, le canal et la rue Matabiau, se façonnera jusqu’à prendre sa physionomie actuelle. Sur ce plan existent déjà deux des frontières : en arc de cercle, le rempart, de la porte Matabiau (repère G) en haut à droite, à la porte Arnaud Bernard en bas du cadre. Ce mur est ponctué de trois tours de guet, et de la porte de Pouzonville (H) qui se trouvait en face de l’emplacement actuel du grand immeuble 2 boulevard d’Arcole. Le rempart est bordé d’un fossé à l’extérieur, et d’une rue à l’intérieur. L’ensemble deviendra boulevard au début du 19ème siècle.  en bas à gauche le faubourg Arnaud Bernard (actuelle avenue Honoré Serres), conduit, à travers le « gardiage » (pour l’essentiel des jardins), au couvent des Minimes, alors entouré de murs. On distingue un triangle enserré d’une part par le faubourg, d’autre part par un chemin à l’emplacement probable de la rue Casanova, et enfin par une amorce de boulevard. Le canal sera creusé à la fin du siècle à la pointe nord de ce triangle. Depuis le couvent, un chemin part vers l’est jusqu’à un carrefour se situant au droit de la porte Matabiau d’où, curieusement, on ne voit sortir aucune allée. En revanche, le chemin qui part sur la gauche conduit vers une « Croix de Monrabé» et devrait préfigurer la route de Lavaur (ou d’Albi ?). Le gardiage qui entoure la ville est représenté de façon très imprécise, sans respect des proportions. On y trouve très peu de maisons, des haies, quelques arbres et quelques allées ou chemins. Un rôle important semble joué par les « moulins à roue pour arroser les jardins », dont on peut voir encore un lointain descendant mis en valeur avenue des Minimes. Plan de Toulouse par Jouvin de Rochefort Le second plan du 17ème siècle (en noir et blanc) est celui de Jouvin de Rochefort (1679 probablement), qui abandonne souvent une perspective cavalière pour un tracé plus précis des surfaces. Le cartouche, en haut à gauche, masque malheureusement une grosse part du quartier, mais beaucoup d’éléments peuvent nous intéresser. D’abord on y apprend qu’un marché au bétail se tenait en face de la porte Arnaud Bernard, dont la place perpétue aujourd’hui la tradition des marchés. On y voit également un chemin à l’emplacement actuel de la rue de la Balance (qui conduisait vers Launaguet). Dans cette zone l’urbanisation semble déjà commencée, les pâtés de maisons sont représentés par les mêmes zones ombrées utilisées pour l’intérieur des remparts. La porte de Pouzonville était murée, mais on devine, vers la gauche, l’esquisse d’une rue des Chalets entourée de deux maisons, ainsi qu’un embryon probable pour la rue de Queven. Enfin on trouve plus à l’est un début de place Jeanne d’Arc (également bâtie) en face de la porte  « Matebiou » et, au delà, une rue pour accéder au  « faux bourg Matebiou ». Voilà la troisième  « frontière » du quartier, près de laquelle on peut distinguer particulièrement la rue Saint-Lazare, un semblant de rue Claire Pauilhac, la rue des Moutons… Pour que le quartier existe il manque encore un élément qui joindra les trois autres. Ce sera fait à la fin de ce siècle qui voit, à quelques pas de là, le canal se creuser… A. Roy Extrait de la Gazette N°14 – Eté 1998