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L’histoire du quartier chalets-Roquelaine

Jean et Jules Léotard

Tout commence, non pas avec la société JOB, mais avec la famille Léotard. Jean Léotard est un gymnaste qui s’est formé à Paris aux côtés du célèbre gymnaste Amoros. Lorsqu’il revient à Toulouse en 1836, il est engagé comme professeur à l’Ecole Royale d’équitation, qui se situe au Jardin des Plantes près de l’enceinte de la ville. Il y devient le directeur du gymnase nouvellement créé. En 1856, il s’installe à son compte, et crée un gymnase au 14 de la rue du Rempart Saint-Étienne. Ce beau bâtiment, encore visible de nos jours, a été par la suite utilisé comme synagogue. Son établissement ne connaît pas un succès commercial immédiat, si bien que, dès 1859, Jean Léotard décide de s’installer au 4 rue de la Concorde.

Dans ce nouvel établissement, on pratique des sports assez variés : l’escrime, le jeu de paume, la boxe, la danse… Sur la façade de cet immeuble, qui existe encore, on distingue, grâce au changement de couleur des briques, les modifications des ouvertures, qui sont intervenues au moment de la transformation du gymnase en dépendance de la fabrique JOB, puis en immeuble d’habitation. Léotard construit vraisemblablement à la même époque sa demeure, boulevard de Strasbourg, actuel n°72. Elle sera remaniée et agrandie par la suite par la famille Pauilhac ; le porche qui permet actuellement d’y entrer fait partie de cette extension.

Léotard a un fils en 1838, Jules, qui deviendra un personnage étonnant. Il fait des études très correctes car il obtient son baccalauréat et envisage même des études de droit, mais, ayant toujours vécu dans un milieu de gymnastes, il se prend de passion pour le trapèze. C’est lui qui met au point la technique du trapèze volant. Il travaille sans filet avec trois trapèzes, lâchant l’un pour attraper l’autre. Grâce à son numéro, en 1859, il se fait engager par le directeur du cirque Napoléon, le futur Cirque d’Hiver. Ce jeune Léotard connaît rapidement une renommée internationale. On le voit à Berlin, au Cristal-Palace de Londres ou en Espagne… Son père le suit dans ses tournées car il participe à son numéro en lui lançant le deuxième puis le troisième trapèze. Pendant ce temps, Jean Léotard confie son gymnase à l’un de ses professeurs, Dardie puis J. Marty.

Jules Léotard continue sa carrière internationale, et devient un personnage très important. Il va faire l’objet, de façon comique ou même caricaturale, de pièces de théâtre, le rôle principal lui étant consacré dans L’Amour au trapèze, et dans Les Amoureuses de Léotard. Plusieurs compositeurs écrivent des polkas ou des valses. Mais plus encore, il connaît la notoriété à travers la mode vestimentaire : on va parler de cravates, de cannes, de broches, de chapeaux dits à la Léotard.

Ce personnage s’intéresse toujours au sport. A la fin du Second Empire (1868), on organise les premières courses de vélos dans la région parisienne ; dès 1869, à Toulouse, on donne des cours de vélo, au Véloce-Club Toulousain, qui a son siège rue de la Concorde. Les premières courses ont lieu à Toulouse la même année.

Malheureusement, Jules Léotard connaît une fin tragique : à 32 ans, il meurt de la variole à Toulouse; on est en 1870. Jules Léotard est enterré au cimetière de Terre-Cabade. Sans héritier pour renouveler la concession, sa tombe est en cours d’expropriation. Le gymnase ferme ses portes, puisque c’est la guerre. Il rouvrira plus tard, toujours sous la direction de J. Marty. Le père, Jean, en est toujours propriétaire. Le Gymnase et la maison sont vendus en 1888, à la famille Pauilhac.

Annie Noe-Dufour

Article réalisé à partir de l’enregistrement sonore décrivant les personnages évoqués par Mme Noe-Dufour lors de la visite des hôtels particuliers du 72 et 74 boulevard de Strasbourg.

 

 

Références

  • GARRIGUES Damien. Les deux Léotard, père et fils. Leur gymnase à Toulouse. Bulletin municipal, février 1936, n°2, p.109-125.
  • LARTIGUE Pierre. La course aux trapèzes, Toulouse, Pierre Lartigue, 1980, p.129