L’architecture dans le quartier chalets-Roquelaine

les antéfixes

C’est la rentrée, mais c’est aussi le moment de regarder les photos de vacances. Cette année, nous avons fait un nouveau tour en Grèce. Parmi les clichés d’Epidaure, je tombe sur des antéfixes, ces éléments décoratifs en terre cuite qui servent à masquer les bordures de toit (photo 1). Les têtes de lion encadrant des palmettes ont déjà 25 siècles. De quoi rêver… En sortant, je lève le nez dans le virage de la rue des Chalets et mes yeux se plantent sur des lions grimaçants initiale la protection du creux des tuiles courantes (il existe des antéfixes non décorées).
Rapidement on a recherché un effet décoratif (des palmettes par
exemple), puis des fonctions complémentaires comme celle d’éloigner les ennemis (lions féroces pour impressionner, gorgones à qui était attribué le pouvoir de pétrifier celui qui en
croisait le regard), ou, au contraire de provoquer des situations
favorables (tête de femmes ou invocations sexuelles chez les
Etrusques)… Voir photo 3. A Toulouse, la mode en est revenue
au 19ème siècle avec celle des maisons néo-classiques .
L’impulsion a été donnée par la fabrique d’ornements en terre
cuite créée à Launaguet par les frères Virebent. Notre quartier, bâti essentiellement entre 1850 et 1920, est extrêmement riche en décorations architecturales. On peut essayer de regrouper les
antéfixes en créant des familles selon les objets représentés :

  • Les végétaux : essentiellement des palmettes (la photo 4 montre
    des maisons jumelles rue Saint Honest, l’une avec antéfixes à
    palmettes, l’autre avec une simple bordure de zinc complétant le
    cheneau), palmettes associées à des pampres de vigne (photo 5).
    Une variante fréquente de style rocaille privilégie les volutes d’encadrement (photo 6).
  • Les animaux : je n’ai trouvé que des lions.
  • Les visages : têtes d’homme, de femme (photo 7).
  • Les visages associés à des végétaux ou d’autres attributs : têtes de femme et instruments de musique (lyre, photo 8).

Pour déborder une simple classification d’objets, il est plus amusant d’imaginer des associations avec des traits de caractères, les idéaux ou les appréhensions des premiers propriétaires des maisons qui en sont coiffées… 

La fabrication des antéfixes était assurée dans des ateliers qui se chargeaient d’approvisionner en éléments décoratifs tous les architectes et maçons de la région. Les plus célèbres étaient Virebent et Giscard. Joseph Giscard exerce toujours au 27, rue de la Colonne. Certaines briqueteries fabriquent des antéfixes à la demande (Grépiac, par exemple). Le matériau utilisé est la terre cuite, de couleur rouge.

Aujourd’hui, on ne trouve plus, semble-t-il, d’argile blonde, dont la couleur se rapproche de celle de la pierre, qui a été utilisée pour la façade de nombreuses maisons du quartier.

Or, les antéfixes de nos maisons nécessitent des réparations. Si le modèle est classique, on peut chercher l’équivalent. Mais on trouvera plus facilement un

mouleur pour prendre une empreinte d’un élément identique à celui qu’il faut réparer (antéfixe ou autre). Un nouvel élément sera ensuite fabriqué non pas en argile, dont la cuisson provoque un retrait de près de 10%, mais enrésine, avec une couleur très proche de l’ancienne, ou même en ciment, qu’il faudra peindre ensuite. Il faut donc songer à commencer les réparations avant la dégradation de tous les éléments de décoration, ce qui rendrait délicate la réalisation d’un moulage.

Les antéfixes ne sont qu’un des très nombreux éléments décoratifs de beaucoup de maisons du quartier, qui comportent fréquemment des frontons, des mosaïques, des balustres, des colonnes, des mascarons…

11 faut un certain courage pour s’y atteler. Peut-être qu’un prochain article nous aidera à y voir plus clair…

Avis aux amateurs !

Alain ROY



Photo 1
Photo 1
Photo 3
Photo 4
Photo 5
Photo 6
Photo 7
Photo 8