Voici, concernant notre quartier, la partie du plan que Melchior Tavernier établit en 1634. La ville, dessinée en perspective, semble relativement précise à l’intérieur du rempart. Saint-Sernin porte fièrement son clocher qui nous servira de repère à travers les trois siècles pendant lesquels le quartier, délimité par les boulevards, l’avenue Honore Serres, le canal et la rue Matabiau, se façonnera jusqu’à prendre sa physionomie actuelle.
Sur ce plan existent déjà deux des frontières :
en arc de cercle, le rempart, de la porte Matabiau (repère G) en haut à droite, à la porte Arnaud Bernard en bas du cadre. Ce mur est ponctué de trois tours de guet, et de la porte de Pouzonville (H) qui se trouvait en face de l’emplacement actuel du grand immeuble 2 boulevard d’Arcole. Le rempart est bordé d’un fossé à l’extérieur, et d’une rue à l’intérieur. L’ensemble deviendra boulevard au début du 19ème siècle.
en bas à gauche le faubourg Arnaud Bernard (actuelle avenue Honoré Serres), conduit, à travers le « gardiage » (pour l’essentiel des jardins), au couvent des Minimes, alors entouré de murs. On distingue un triangle enserré d’une part par le faubourg, d’autre part par un chemin à l’emplacement probable de la rue Casanova, et enfin par une amorce de boulevard. Le canal sera creusé à la fin du siècle à la pointe nord de ce triangle.
Depuis le couvent, un chemin part vers l’est jusqu’à un carrefour se situant au droit de la porte Matabiau d’où, curieusement, on ne voit sortir aucune allée. En revanche, le chemin qui part sur la gauche conduit vers une « Croix de Monrabé» et devrait préfigurer la route de Lavaur (ou d’Albi ?). Le gardiage qui entoure la ville est représenté de façon très imprécise, sans respect des proportions. On y trouve très peu de maisons, des haies, quelques arbres et quelques allées ou chemins. Un rôle important semble joué par les « moulins à roue pour arroser les jardins », dont on peut voir encore un lointain descendant mis en valeur avenue des Minimes.
Le second plan du 17ème siècle (en noir et blanc) est celui de Jouvin de Rochefort (1679 probablement), qui abandonne souvent une perspective cavalière pour un tracé plus précis des surfaces. Le cartouche, en haut à gauche, masque malheureusement une grosse part du quartier, mais beaucoup d’éléments peuvent nous intéresser.
D’abord on y apprend qu’un marché au bétail se tenait en face de la porte Arnaud Bernard, dont la place perpétue aujourd’hui la tradition des marchés. On y voit également un chemin à l’emplacement actuel de la rue de la Balance (qui conduisait vers Launaguet). Dans cette zone l’urbanisation semble déjà commencée, les pâtés de maisons sont représentés par les mêmes zones ombrées utilisées pour l’intérieur des remparts. La porte de Pouzonville était murée, mais on devine, vers la gauche, l’esquisse d’une rue des Chalets entourée de deux maisons, ainsi qu’un embryon probable pour la rue de Queven. Enfin on trouve plus à l’est un début de place Jeanne d’Arc (également bâtie) en face de la porte « Matebiou » et, au delà, une rue pour accéder au « faux bourg Matebiou ».
Voilà la troisième « frontière » du quartier, près de laquelle on peut distinguer particulièrement la rue Saint-Lazare, un semblant de rue Claire Pauilhac, la rue des Moutons…
Pour que le quartier existe il manque encore un élément qui joindra les trois autres. Ce sera fait à la fin de ce siècle qui voit, à quelques pas de là, le canal se creuser…
A. Roy
Extrait de la Gazette N°14 – Eté 1998